Fernando Arrabal en quête du père
«Porté disparu » de Fernando Arrabal, n'est
pas un livre ordinaire, c'est un cri immense de douleur, de rage,
d'amour, entremêlés. Incrédule .et lancinant
Fernando Arrabal en quête du père disparu, hapé
par l'histoire avec un grand « H », victime désignée
de la folié guerrière des hommes. Un père
qui sera le premier Républicain arrêté par
les Franquistes, en avril 36, la veille du coup d'Etat, .pour
une prétendue mauvaise conduite politique.
Un père abstrait qui à partir de ce moment devient
d'une « absence omniprésente ». D'autant que
la mère, véritable « mante religieuse »reprochera
toute sa vie à son mari de l' avoir trahit par l'affirmation
de ses idées.
Plus terrible, elle s'ingénie à détruire
la stature même du père aux yeux de l'enfant, cachant
la réalité, détruisant les preuves, comme
les marques de tendresse, imposant le silence. Pire, elle poussera
son fils à embrasser a carrière militaire, fasciste
dans l'Espagne de Franco, pour mieux raser ce passé honni.
Sur les pas de Fernando Arrabal, on hallucine d'autant plus que
l'écri-vain découvre pas à pas cette réalité,
« qu'il sait », et qu'il en aime plus encore sa mère.
Tout en cherchant la trace de ce père disparu, évadé
en 1941, alors qu'il devait être libéré,
si sa femme n'avait réclamé qu'on l'enferme comme
fou en hôpital psychiatrique! Comment ne pas trouver les
clés de l'uvre d'Arrabal, cinéma, théâtre,
écrits, dans cette quête épique d'un passé
englouti.
« Si j'étais sûr que mon père était
mort, il aurait cessé de me hanter. Même si j'avais
la certitude qu'il avait été torturé jusqu
'au dernier souffle. » Eperdu, Arrabal n'en écrit
pas moins à sa mère: « Aujourd'hui où
toi (et papa?) tu as atteint l'âge de quatre-vingt-dix
ans, combien je souhaite que la solitu-de ne soit jamais plus
ta geôle, ni la retraite, ta jalousie. Les mots me manquent
là où la dévotion me submerge. Je te souhaite
longue vie maman... comble moi par ce présent. »
Rémi Parment.
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